Aujourd’hui si je reprends ma plume c’est pour vous livrer un chapitre de ma vie, et pas des moindres : car au commencement était… la naissance de notre fille. Le 17 juin 2015 est le premier jour du reste de notre vie, ce moment ou nous avons formé cette fameuse équation du bonheur : nous devenions une famille après 11 ans d’amour à 2.

Cette histoire à 3, je n’imaginais pas à quel point elle bouleverserait nos vies , à quel point elle me changerait. Car ma fille, cette fée aux pouvoirs magiques, sait mieux que personne faire rire mon ciel quand il devient gris et fleurir les chemins que j’emprunte. Elle est ma locomotive, ma fusée, celle qui me permet d’atteindre les étoiles pour y décrocher la lune…Elle est mon essentiel, celle pour qui je pourrais mourir d’amour.

Le temps a filé, et je n’ai rien vu venir. Il m’aura fallu presque 3 ans pour écrire les quelques lignes qui suivent. Mes mots sont maladroits, et mon histoire, pudique, car me mettre à nue n’est pas chose aisée… Je vais donc vous raconter… Ma vie de maman, de vous à moi, pour elle, pour moi, pour vous, si le coeur vous en dit…

9 mois de toi, comme une thérapie

Je ne fais pas partie de celles qui ont vécu une grossesse idyllique. Oh je n’ai rien à dire, tout s’est (plutôt) bien passé. Mais j’appartiens à la race des impatientes, et cette attente…me sembla si longue… Au fond de moi, j’espérais même qu’elle arriverait un petit peu plus tôt. Je ne demandais pas grand chose, juste 20 petits jours de moins. J’étais si pressée d’envelopper ma toute petite de douceur, de  serrer mon coeur contre le sien, de plonger mon regard dans le miroir de nos vies. J’ai imaginé mon bébé, tant et tant de fois, je l’ai rêvé, je l’ai dessiné. Je n’ai jamais ressenti, comme certaines, ce manque, ce vide au creux de mon ventre lorsque ma lumière vit le jour.

Comme de nombreuses mamans, j’ai eu droit aux classiques nausées (bonjour grossesse !), aux sautes d’humeurs et aux petits troubles de mémoire (la faute aux hormones !). Madame la grippe est même venue me rendre visite alors que je tentais le tout pour le tout : survivre 9 mois sans médicaments  ! Je m’imposais de manger sainement et 100% bio, limitais mes cafés habituellement bien trop nombreux. Je disais adieu au bon vin et au jambon cru !

Et puis, un jour,  je me suis retrouvée hospitalisée pour menace d’accouchement prématuré à 7 mois de grossesse. Le verdict était tombé :

« – Madame, vous avez un utérus contractile, vous allez devoir restée couchée au moins 1 mois et demi.

– Contrac-quoi ? Ca existe ça ?

– Ne vous en déplaise, cela est fréquent chez les mamans toutes…chétives comme vous. »

(…) Je lui balance mon beignet en pleine face ? Je lui raconte que je ne pouvais rien avaler les 4 premiers mois ?

Mais quand on devient maman, on se responsabilise… et on prend son mal en patience (première leçon !)

Ma chipie se jouait de moi, car après de nombreuses frayeurs, vint le temps des espoirs et de l’attente ! Souvent, j’ai cru à son arrivée. Mais elle a tout simplement naturellement attendu 41 semaines pour nous dévoiler (enfin) sa frimousse.

Bien sûr la nature est bien faite, car cette longue attente lui nous était indispensable. La petite fille que j’étais aller devoir faire place à la maman, et je ne me sentais pas tout à fait prête à ce changement.  Après 9 mois de chemin parcouru ensemble, j’ai pu mûrir mon projet de naissance. Je portais l’idée de ce bébé depuis bien longtemps, mais il fallait aussi porter l’idée de mon accouchement. Je détestais l’image dégradante que je m’en faisais. D’ailleurs, rien que le mot accoucher, je le trouve moche. Pas vous ? Me dévoiler vulnérable, douloureuse, et devant une horde d’inconnus le nez pointé sur mon intimité ne m’enchantait pas du tout ! Un comble pour une fille de pédiatre plus habituée aux couloirs aseptisés des hôpitaux qu’aux open space …

Une naissance « au naturel »

C’est ainsi que l’idée a germé petit à petit, sous l’impulsion d’une amie enceinte qui me racontait son premier accouchement et de ce qu’elle ne souhaitait plus vivre pour ce deuxième. Péridurale ratée, bébé en souffrance… Rien de bien rassurant je dois l’admettre. Je suis parfaitement consciente que ce n’est là qu’une minorité, et je ne souhaite pas effrayer les futures mamans, mais personnellement je me sentais prête à envisager cette possibilité de vivre pleinement mon accouchement. J’ai commencé à imaginer quelque chose de plus simple, de naturel… Par naturel, je ne parle pas d’accoucher en pleine forêt, que les choses soient claires ! Pour un premier je n’envisageais pas de lui donner naissance ailleurs que dans un environnement médicalisé, mais je ne souhaitais pas de péridurale. Non pas que l’idée de souffrir me plaisait, absolument pas. Mais le fait de maitriser mon corps, de rester maitre de mon accouchement, était pour moi une évidence. Et puis je dois bien l’avouer, la péridurale me faisait atrocement peur !  Et ce qui était au départ qu’une petite envie est devenue une révélation après la lecture que m’a conseillée mon amie  « j’accouche bientôt, que faire de la douleur ? » de Maïte Trelaun. Un bijou de bon sens, un concentré d’amour, de nombreux témoignages, un véritable enseignement de vie, une claque ! Sans tomber dans le pathos, ni dans l’extrême, ce livre relate simplement ce « rite initiatique » qu’est l’accouchement, ce qu’est la douleur et comment la dominer … Dans notre société nous ne sommes pas habitués à souffrir. A la moindre douleur, je suis la première à sauter sur une boite de doliprane ! Alors cette préparation je la vivais aussi un peu comme un challenge.

Une préparation mentale… et physique

Je discutais longuement de cet accouchement avec mon amie. Elle devait donner naissance 4 mois avant moi de son fils, elle ouvrait donc la voie. De mon côté, j’étais aussi consciente qu’il ne fallait pas trop le fantasmer, cet accouchement ! Je restais lucide sur le champs des possibles qu’offre la vie…Je décidais simplement de mettre toutes les chances de mon côté si toutefois la situation le permettait. Je m’offrais des portes de sortie, et la possibilité de ne pas aller au bout de mon envie si je venais à trop souffrir ou si les choses se présentaient mal…D’autant que je n’avais aucune idée de ce qui allait m’attendre.

Je ne trouvais pas forcément d’écoute ni beaucoup de compréhension autour de moi : entre celles qui ne comprennaient pas ce choix, (pourquoi souffrir au 21ème siècle ?) et celles qui me rient au nez en balançant un cynique « attends de voir lorsque tu y seras, tu craqueras « …Ce n’était pas évident. Alors quand on me posait la question,  je répondais simplement : je ne sais pas ce que je ferai, je m’adapterai. Mais si je le peux, j’accoucherai sans péridurale.

Et puis… Mon amie mit au monde son fils, et non sans mal ! En véritable guerrière, elle a accouché sans péridurale d’un petit garçon … En siège ! Si elle avait accompli cet « exploit », je pouvais moi aussi y arriver !

J-2 : le spectre du déclenchement plane sur moi. Nous sommes presque à terme, et toujours aucun signe de son arrivée. Mon col est bien fermé. Je me rends alors chez celui qui soulage mes maux depuis de nombreuses années, un kinésithérapeute s’étant spécialisé dans la médecine chinoise et l’homéopathie. Il me propose une séance d’acupuncture. Il m’annonce que sous 48h ma fille devrait arriver et me prévient que le travail sera rapide, car il a activé la « maturation du col »…

le jour de la rencontre

« L’accouchement est le seul rendez-vous à l’aveugle où l’on est sûre de rencontrer l’amour de notre vie »

Au matin du 16 Juin, alors que je prenais mon petit déjeuner, une contraction me secoue de façon inhabituelle. Bien différente de celles que j’avais pu avoir jusque là, cette fois je le sens, c’est la bonne. Je suis heureuse, euphorique même, et j’attends la seconde valse. Elle arrive 20 minutes plus tard. Puis 15… J’y crois ! Et puis…Plus rien. Je suis abattue. Ce n’est pas possible ! J’en étais sure, c’était pour maintenant. J’appelle le papa, lui faisant part de mon désarroi. Finalement 45 minutes plus tard les contractions ont repris, à un rythme plus régulier. Nous y sommes !

La journée passe, rythmée par les contractions qui deviennent de plus en plus fréquentes. Mais je ne suis pas pressée. Je sais que tant que ça reste supportable, je ne me rendrai pas à la maternité. Mon homme rentre du travail. et assiste, heureux mais impuissant, à la montée en puissance de mes contractions. Je suis sereine. 21h : je prends une douche chaude pour repousser le moment du départ. Mais les contractions, plus fortes, finissent par me terrasser. Je me retrouve au sol, le souffle coupé. Nous devons partir.

Sous le chant de la nuit, nous faisons route ensemble vers la maternité. Il est 23h, j’ai perdu la notion du temps et ne me souviens pas bien du trajet. Dans l’infinie obscurité, la foudre illumine le ciel. La mer est agitée, ma fille arrivera un soir d’orage. Nous sommes arrivés. Je peine à marcher, stoppée dans mon élan par les gammes annonciatrices qui martèlent en mon sein ton arrivée. On m’examine, le travail a commencé. Je suis à 2,5. Il est l’heure je pars enfin au combat, le plus beau combat de ma vie, on m’entraine en salle d’accouchement. Je demande la salle dites « naturelle », avec la baignoire. La sage-femme sourit : il ne vous sera pas possible de prendre un bain, le travail est rapide, on ne prend pas ce risque !

ah…

il est venu l’heure de la désunion…

Je ne crains pas la douleur, mon amour, je suis prête à t’accueillir, comme l’ont fait nos mères avant nous.

Mais les contractions secouent mon corps tout entier. Des vagues me submergent, je ne peux plus respirer. Mon corps, mon âme se perdent dans les méandres de la douleur. Les sages-femmes m’accompagnent et me porte dans cette danse avec mon bébé. Mais c’est rapide, très rapide, tout le monde est surpris.On me couche sur le côté, elle arrive, elle est là, je voudrais la laisser sortir. Je dois encore attendre. Ma gynéco est en route, elle est en retard.

Et puis la gynéco est enfin là. Je dois pousser mais je ne veux plus. C’est trop douloureux. Le retour à la réalité est brutal.  La gynéco me remet les idées d’aplomb… en me hurlant dessus que j’ai choisie la voie de la douleur, et que je dois assumer ! (on pourrait discuter des façons de faire du personnel médical mais là n’est pas le sujet…)

Alors on y va… 1,2,3 la voilà ! Il est 2h33. Mon adoré, mon essentiel, mon enfant… À cet instant elle a soufflé le printemps sur le champs de mes douleurs,  insufflé le bonheur sur le chant de ma peine. Face à elle, je suis  hébétée, choquée. Toutes mes certitudes tombent. Je suis comme un oiseau blessé, je ne sais si mes larmes coulent de joie ou de soulagement. Mon bébé je l’ai tellement imaginé… Et voici qu’elle se trouve devant moi. Elle me semble irréelle. Nous observons ce petit être qui a quitté son nid pour se retrouver tout contre moi. C’est alors que dodelinant de la tête, reniflant comme un petit animal, elle se dirige vers le lait nourricier. Magie des premiers instants, toutes mes convictions profondes sont ébranlées. Je n’étais pas sûre de vouloir allaiter, la question ne se pose même plus… La nature a fait son oeuvre. Je ne me suis jamais sentie aussi femme qu’à ce moment. Je suis…

Les yeux ouverts sur le monde, j’ai enfin pû plonger mon regard dans le sien, noir comme le fond des océans.

***une vie qui s’anime, une nouvelle vie qui commence ***

À jamais unies et pour l’éternité, tu resteras le symbole de ma renaissance

Je t’aime ma fleur, ici commence notre histoire.

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crédits photos : decocot

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